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KISHIUME

Une famille, des objets, une histoire

L'origine de la famille Kishida remonte à l'ère Édo (1616-1867). Le Japon, placé sous le règne de la puissante dynastie des Tokugawa, connaît alors une période de paix profonde et de prospérité inouïe qui va permettre à la culture japonaise de se développer de façon exceptionnelle. Durant cette période, la famille Kishida est « Shoya », c’est-à-dire, propriétaire foncière. Elle tire ses revenus de la location de parcelles agricoles dans la province d'Owari.

En 1868, commence l'ère Meiji. Le japon rompt avec sa politique isolationniste et s’ouvre au commerce extérieur. Attirées par la mode occidentale, les femmes cherchent à s'émanciper. Uemon Kishida, le père de mon arrière-grand-père, est conscient de ce changement. Il abandonne l'exploitation foncière et se lance dans le tissage de tissus de laine aux motifs d'inspiration occidentale. Il crée une manufacture que son fils adoptif Umejiro reprend à sa mort. Ce dernier travaille dans la droite ligne de son père en s'efforçant de conserver un équilibre entre ce savoir-faire traditionnel japonais et les exigences de cette modernité surgissante.

En 1936, onze ans après le début de l'ère Showa, c’est au tour du fils d'Uméjiro, Yukio, (mon grand-père), de diriger l’entreprise familiale. Il développe considérablement l'entreprise. Quatre ans après sa prise de fonction, la manufacture déménage et s'installe dans des locaux plus vastes, sur des terres appartenant à la famille Kishida. 

À la naissance de son premier fils, Hiroyuki (mon père), Yukio décide de créer une société qu’il baptise « Kishiume », nom formé par le début de « Kishida »  et le début du nom de son grand-père (Umejiro, « Ume » prune).  Pour célébrer ces deux évènements, Yukio plante un Ume, un prunier, arbre sacré dont les fleurs blanches teintées de rose, de mauve ou de pourpre, s'épanouissent malgré le froid en marquant ainsi l'arrivée imminente du printemps. Leurs branches, symboles de pureté et de bonheur, honorent, avec celles du bambou et du pin, les shogatsu, (nouvel an) et autres matsuri (fêtes).

A cette même époque Yukio, grand amateur d'art, commence une collection d'objets témoins du savoir-faire japonais au cours des siècles passés.

Il se fait rapidement connaître des antiquaires de la région jusqu'à Kyoto, qui viennent régulièrement lui présenter leurs plus belles pièces. La passion de mon grand-père est telle qu’il n’hésite pas à entreprendre de nombreux voyages pour compléter sa collection d'antiquités. 

Yukio aime également passer du temps avec le frère de sa femme Ryuichi Iwata, maitre de cérémonie du thé, auprès duquel il acquiert la parfaite connaissance de cet art. Avec ses premiers objets d'exception, il crée une chashitsu (chambre de cérémonie du thé). 

Jusqu'à la seconde guerre mondiale, le personnel de la manufacture se compose de 40 a 50 femmes de la région environnante. Encouragé par le programme national des « emplois collectifs » visant à aider les provinces désertées par l'emploi, Yukio engage des ouvrières de la province de Kyushu, au sud du Japon. 

Chef d'entreprise, maire de la ville de Kisogawa et également, chef de la brigade des sapeurs pompiers, Yukio, reçoit en 1967 le Kunshos - Ranjyuhoushou et en 1974  le kunyontou  (les équivalents de la légion d'honneur au Japon) des mains mêmes de l'empereur Showa Hirohito pour sa contribution à l'industrie du tissu. 

En 1965, son fils Hiroyuki, (mon père) prend sa succession. C’est la 4ème génération de tisseurs. L’activité de la manufacture perdure jusqu'en 2000. Malheureusement, la puissance économique de la Chine va briser cette aventure familiale.

Fascinée par la beauté de la collection de mon grand-père, je continue de sillonner le Japon en quête de ces objets uniques, véritables œuvres d’art.

Je les propose aujourd'hui, à la vente, ici, à Paris, dans mon magasin que j'ai nommé "Kishiume" en hommage à ce grand collectionneur et amoureux de l'art japonais, que fut mon grand-père, Yukio.

Je souhaite que, comme moi, vous les apprécierez.